Ruptures

I want your love, I DON’T WANNA BE FRIENDS!

« I want your love and I want your revenge
I want your love, I don’t wanna be friends
J’veux ton amour et je veux ta revanche
J’veux ton amour, I don’t wanna be friends »

(Lady Gaga, Bad Romance)

J’ai déjà parlé d’un dénommé K. dans mon article Le dictionnaire du plaquage. Je ne révélerai pas son vrai nom pour respecter sa vie privée. Non, en fait, j’en ai rien à faire de sa vie privée (surtout que bon, les prénoms qui commencent par K, on en a vite fait le tour), mais je n’aimerais pas qu’il se reconnaisse et se donne plus d’importance qu’il ne se donne déjà (quand bien même ce soit possible, ce dont je ne suis pas sûre).

Je vais vous bénir (ou vous maudire, ça dépend du point de vue) d’une de mes rares séances de racontage de vie. Pour résumer, K. et moi avons vécu une histoire d’environ un mois, une histoire très tendre remplie de textos très nombreux, qui a assez mal fini (pour moi, lui il s’en fiche je pense). Je me suis attachée, chose que je fais assez rarement – une autre chose qu’il faut que vous sachiez sur moi, c’est que mes parents ont divorcé après vingt-six ans de mariage, et depuis, l’attachement, ce n’est pas spécialement mon truc. J’ai fait un stage de un mois après cela, et j’ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette histoire ; ensuite je suis partie à Singapour une semaine retrouver des amis que j’avais rencontrés au cours d’un semestre en échange. Rien de tel que les potes, le shopping et les soirées bien arrosées pour oublier un mec, je vous le dis.

Une chose assez étonnante s’est produite alors, quand je suis rentrée à Paris : j’ai commencé à me souvenir à quoi ça ressemblait de ne plus avoir un mec idiot dans la tête. D’être célibataire et de s’assumer. D’être heureuse comme on est, peu importe ce qu’un mec idiot en pense. On pourrait croire que ça s’arrêterait là. Cependant, un mec comme K. (et beaucoup d’autres mecs d’ailleurs) ne peut pas se laisser oublier tranquillement. Ainsi, deux jours plus tard, je reçois un message Facebook de lui dans lequel il se met en mode « salut vieille pote que j’ai pas vue depuis dix piges, j’espère que tout va bien pour toi, pourquoi tu me donnes pas de tes nouvelles », dix lignes de pure hypocrisie dans ce genre-là. Et entre les lignes de ces banalités, figure le superbe message subliminal, tapi entre les lignes comme un coyote s’apprêtant à attaquer une proie innocente, redouté par toute personne qui s’est déjà fait plaquer et partage un tant soit peu mon caractère : « On reste amis ? ».

Et là, la question inévitable : pourquoi ? Est-ce qu’il y a une bonne raison qui oblige deux ex à rester amis ? Est-ce vraiment si grave que ça que d’avoir, sur les plus de six milliards de personnes qui peuplent la planète Terre, une petite dizaine qu’on ne peut pas sentir ? Et même si on est forcé de se côtoyer, pourquoi ne pas simplement coexister en échangeant des politesses du genre « passe-moi le sel » ? D’où vient ce besoin incontrôlable qu’ont les gens d’être aimés par tout ce qui bouge ? Une seule situation dans laquelle c’est compréhensible : si les deux ex en question étaient déjà les meilleurs amis du monde avant, à la Ted et Robin dans How I Met Your Mother ou à la Ross et Rachel dans Friends ou à la Leonard et Penny dans The Big Bang Theory. Mais, bien que nous ayons l’impression qu’il n’arrive que ça dans les films, dans la réalité, ce n’est pas le cas le plus fréquent. Moi-même, j’ai une ribambelle d’amis mecs adorables avec qui je ne suis jamais sortie.

Alors, mis à part ce cas qui n’arrive jamais – et qui n’était pas du tout le cas pour K. et moi – pourquoi ? Est-ce que nous sommes sans-amis au point de piocher nos amis parmi nos ex ? Non. Est-ce que l’un ou l’autre le veut ? Non (je ne le veux pas, et je vous garantis que quelle que soit la situation, celui qui le propose ne veut pas non plus – il a juste pitié de vous parce qu’il ne sait pas ce que deviendrait votre vie sans la présence de sa merveilleuse petite personne). La situation, c’est que l’un a blessé l’autre, et aucune amitié saine ne peut en résulter. Nous nous connaissions à peine avant d’être sortis ensemble et nous existions très bien – pourquoi ne pouvons-nous pas continuer à exister l’un sans l’autre ? Pourquoi faut-il absolument « rester amis » ? (le mot « rester » étant, à mon goût, très mal choisi dans ce contexte, étant donné qu’à aucune période de nos vies respectives, nous n’avons « été » amis)

La seule conséquence d’une délicate attention comme celle de K., c’est de remettre dans votre tête vulnérable un mec que, à coups d’efforts peut-être alcoolisés, peut-être chocolatés, vous avez réussi à oublier. Le seul gagnant, c’est lui, parce que les projecteurs sont à nouveau braqués sur sa merveilleuse petite personne. Je me suis donc aussitôt posé la question inévitable : « Est-ce que je réponds ? ». J’ai répondu presque aussitôt après : « Non, bien sûr ». Mais, avant de faire des quelconques bêtises, je me suis adressée à mon Bouddha personnel. Une de mes amies, je la considère comme une véritable voix de la raison ; c’est un ange qui passe, elle ne fait jamais rien de travers et me dit toujours comment réparer mes conneries.

Je ne l’écoute jamais, mais cette fois-ci, je me suis dit que j’allais l’écouter, parce que ma brève relation avec K. n’a été qu’une succession de conneries que j’ai faites, et pour une fois, je devais faire confiance à une personne au jugement clair. C’est là que Bouddha est entrée en action. Elle m’a dit de répondre. Elle m’a dit d’envoyer un message bref, froid, sans aucune question supplémentaire, pour qu’il comprenne que je n’ai pas envie de lui parler. Chose que j’ai faite. Ma réponse tenait en une ligne (alors que son message en faisait quinze), et quand on voit notre échange, tout de suite, j’apparais comme la gagnante (quand il était tout seul sur le message Facebook, il ne pouvait pas vraiment perdre ou gagner ; ce n’est pas vraiment une compétition quand on est tout seul).

Cet article, qui était, avouons-le, du pur racontage de vie (malgré les quelques analogies que j’ai faites avec des situations similaires dans lesquelles vous pourriez vous trouver), comporte tout de même une leçon de vie (c’est la règle pour chacun de mes articles, c’est trop ennuyeux de lire des simples histoires, surtout que, de toute évidence, faire court, ce n’est pas trop mon point fort). Même deux, d’ailleurs. La première : écoutez Bouddha. Premier avantage : il vous laissera tranquille – à moins qu’il ne soit complètement ramolli du cerveau, un message froid et bref devrait lui faire comprendre que vous ne voulez pas de lui dans votre vie (dans le cas où il est complètement ramolli du cerveau, je peux vous assurer que même une non-réponse ne lui ferait rien comprendre du tout). Second avantage : vous apparaîtrez comme la gagnante, au lieu d’apparaître comme le pauvre petit animal blessé qui repart le vagin entre les jambes (j’allais dire « la queue entre les jambes », mais c’est plus pour la moitié de la populace qui ne lit pas mon blog) à l’approche du gros léopard blesseur.

La deuxième leçon de vie, c’est que rien, rien au monde ne peut vous obliger à être amie avec quelqu’un si vous n’en avez pas envie et si vous n’avez aucun avantage à en tirer. Vous n’avez plus cinq ans, époque où vous étiez obligée de jouer avec le garçon binoclard et zozotant sous prétexte que vos mères s’entendaient bien. Aujourd’hui, vous êtes adulte et pouvez choisir vous-même vos amis. Une amitié entre ex n’est réellement naturelle que s’il n’y a pas eu de vrais sentiments, autrement dit, pas de vrai mal fait à l’un ou l’autre des deux ex. Sinon, je ne vois vraiment pas pourquoi s’obstiner à être amis avec quelqu’un à qui on a fait du mal, ou pire, avec quelqu’un qui nous en a fait.

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4 commentaires

  1. Tout à fait d’accord avec ton article. Je me souviens d’un ex qui n’avait pas répondu à mon dernier texto, je m’en foutais un peu et je me suis dit voilà it’s the end. Les jours passent, mais le gars se rappelle à mon bon souvenir et répond à mon texto d’il y a 3 jours. Simplement parce qu’il était horrifié et ne comprenait pas pourquoi je l’avais retiré de mes amis facebook. No comment.

  2. Oué en même temps c’est toujours un peu étrange je trouve, on passe des semaines, mois ou années à partager des tas de trucs avec une personne, et on efface tout comme si aucun lien ne s’était crée, je trouve ça un peu cruel. Je me suis enfin sentie bien dans mes baskets le jour où j’ai compris que l’EX le plus important de ma vie, que je croise de temps en temps et pour lequel je n’ai plus d’amour, faisait un peu partie de ma famille quand même, et que j’avais le droit de me soucier de lui. On n’est pas vraiment amis, mais j’aime à savoir qu’il va bien.

  3. Tiens c’est marrant que je tombe sur cet article maintenant parcke hier mon ex (enfin c’est un vieux ex, ca fait 4 ans qu’on est plus ensemble), que j’avais viré de mes amis Facebook après plusieurs crasses qu’il m’a faites, s’est soudainement inquiété de savoir si j’étais tjs vivante et m’a envoyé un mail et un SMS (c’est marrant comment il se rappelle de mon numéro quand il veut) pour vérifier. Parallèlement il m’a redemandée en amie sur FB, mais je l’ai refusée faut pas pousser (mémé dans les orties comme tu aimes si bien le dire). La suite au prochain épisode. A tous les coups il a besoin de moi pour un truc à la con.

  4. vaudevire lea a dit :

    tellement vrai!! moi quand c’est fini c’est fini. alors l’ex qui devient ami très peu pr moi. et effectivement, c’est svt par pitié que le mec nous envoit ce fameux message. arghhhh de la pitié!! ça me donne la nausée. next!

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