1er août 2010. Je venais de regarder le DVD de Julie & Julia que j’avais loué. Je me suis dit: géniale, cette Julie Powell. Elle voulait être un écrivain, elle a écrit un blog et plouf, on l’a découverte. Je me suis dit aussi: et moi, alors? J’écris bien, non? Je devrais faire un blog, moi aussi.

C’est alors que je me suis posé la question du « oui, mais sur quoi? ». L’idée d’un blog de cuisine à la Julie Powell, je l’ai exclue d’emblée. Parce que, des articles qui disent « Sortir le surgelé du frigo, décoller partiellement l’opercule, et mettre au micro-ondes à 850 degrés à puissance maximale », on en a vite fait le tour. Il y a bien quelque chose que je fais mieux que n’importe quelle autre personne sur Terre. Oui, mais quoi?

C’est alors que l’idée de faire un blog pour célibataires illumina mon esprit. J’avais vécu une relation il y a peu avec K., une relation très brève, d’environ un mois, qu’il interrompit brusquement parce qu’il « avait besoin d’être célibataire » (en fait, il avait surtout besoin de sortir avec une de mes meilleures amies, mais passons ce point). C’est là que je me suis dit: ce type a beau être très con, n’empêche, toutes ses relations durent des millénaires. Il tombe sur moi et paf! Il est pas capable de me supporter pendant plus d’un mois.

Moi? J’ai vécu une longue relation, une seule, mais elle était tellement compliquée que non seulement elle n’était pas exclusive, mais en plus moi-même, parfois, je ne me retrouvais pas dedans. Mes autres relations, c’était un mois, deux mois maximum. En fait, je ne suis pas faite pour être en couple. C’est simple comme bonjour. J’avais passé ma vie à essayer de me mettre en couple, alors qu’en fait je n’étais pas faite pour ça.

Mais plutôt que me lamenter sur mon sort, j’ai décidé de prendre la chose avec humour et bloguer. Bloguer sur le célibat. Bloguer sur mes ruptures, sur mes rencontres non abouties, mais aussi sur mes passe-temps – genre, écrire des critiques de films, parler musique. Parce qu’être célibataire, c’est s’épanouir sans avoir un mec dans les pattes. Parce qu’être célibataire, c’est avoir du temps pour soi, sans se soucier de qui que ce soit. C’est faire ce qu’on veut, quand on veut.

Je ne suis pas vraiment Carrie Bradshaw, puisqu’elle parle du célibat de new-yorkaises âgées de plus de trente ans. Moi, je parle du célibat de parisiennes qui ont la vingtaine ; et on a beau être plus jeunes et vivre dans ce qui est soi-disant la ville la plus romantique du monde, si on n’est pas faites pour être en couple, on ne le deviendra pas magiquement sous le regard bienveillant de la Joconde. Et puis, il faut avouer, Carrie Bradshaw a réussi à avoir des relations assez substantielles quand même, avec Mr. Big bien sûr, mais aussi avec Aidan, Petrovski, et Berger alias le largueur par post-it.

Je ne suis pas non plus Bridget Jones, maladroite, un peu ridicule, plus adorable que belle à proprement parler. Je ne vais pas me lancer des fleurs, mais la plupart des mecs sont à peu près d’accord sur le fait que je fais plutôt pencher la balance sur le côté des jolies filles. Beaucoup – K. compris – ont admis qu’il était difficile de résister à mes techniques de drague (contrairement à celles de K. lui-même, qui pour draguer une fille lui demande si elle croit en Dieu – mais chut, faut pas le répéter).

C’est après que ça cloche, manifestement. Et Bridget Jones, c’est l’inverse, c’est plutôt avant, mais une fois qu’on est avec, on ne la lâche plus – regardez comme il est attaché à elle le Mark Darcy ! Mais n’empêche que toutes les trois, Carrie, Bridget et moi, nous avons du mal ; mais si les deux autres cherchent encore, moi, je me suis résignée.

J’ai eu envie de compléter un peu mon histoire, depuis que mon blog a été découvert et que je sais à quoi peut ressembler ma vie sans blog… Depuis aussi que K. est obsolète et que j’ai eu une relation d’un peu moins d’un mois avec F., que je n’ai jamais vraiment réussi à oublier tant tout me semblait parfait quand on était ensemble… J’ai décidé que je n’avais pas à m’excuser pour mon blog. Quand F. m’a reproché de parler de lui dans ce blog, je me suis dit au départ « ouais c’est vrai, il a raison quand même, ça se fait pas ». Et puis je me suis dit merde.

A mon premier rencard avec F. j’avais plus ou moins le sentiment d’avoir rencontré le mec avec qui je voulais passer le restant de ma vie. Je n’ai jamais eu ce sentiment auparavant, jamais. Alors, limite, le blog est passé au second plan. Mais il m’a quittée. Et je n’ai pas à m’excuser de la façon dont j’ai choisi de réparer ce que LUI il a brisé. J’ai choisi de le faire sous forme de blog, j’aurais pu le choisir sous forme d’incendie de sa bagnole, il peut s’estimer heureux (en même temps il a pas de bagnole). Alors je n’ai pas à m’excuser, et lui n’a pas à me traiter de « pleurnicheuse hystérique » (c’est le terme qu’il a employé). Il n’y en a qu’un qui doit s’excuser dans l’histoire, c’est lui. Voilà pour le petit update du jour.