Au quotidien

L’homme est un animal gossipeur

En vacances, toutes sortes d’interrogations naissent. Liées à la culture du pays dans lequel on voyage, par exemple. (dans mon cas, comme ceux et celles qui me suivent sur Hellocoton, Twitter ou Facebook sont au courant, il s’agissait de l’Espagne) Genre, pourquoi les Espagnols parlent aussi vite ? (les mauvaises langues diront que je pense ça uniquement parce que les années de lycée où j’ai fait espagnol LV2 sont loin derrière moi… même pô vrai !) Mais je ne vais pas vous parler de la culture espagnole. (ouf) Parce que les interrogations culturelles ne sont pas les seules. D’autres interrogations arrivent, comme : pourquoi les sièges inclinables dans les bus ressemblent plus à des tests de QI pour rentrer à la Nasa qu’autre chose ? Au départ, je la fermais, parce que je me disais : c’est normal que moi j’arrive pas à incliner le siège, je suis un boulet. Mais quand je vois la moitié du bus se battre frénétiquement contre le siège en farfouillant les boutons et en donnant de violents coups de crâne dans les dossiers, je me dis que peut-être que le problème vient des sièges, finalement.

Mais je ne vais pas non plus vous pondre un article sur les sièges de bus. (ça serait quand même très ennuyeux, et je vous vois dès maintenant vous dire « attendez, elle se tire en vacances une semaine et tout ce qu’elle est capable d’écrire après, c’est un truc sur les sièges de bus ? ») Non, je vais vous parler des groupes de potes. Des groupes de potes dans leur ensemble et des individus qui les composent. Le tout basé sur ma propre expérience. (comme le sont la plupart des articles de ce blog, d’ailleurs)

Séquence racontage de life on : Si je suis partie en Espagne, c’est pas un hasard. J’ai rencontré des gens de pays plus différents les uns que les autres lors de mon échange aux Etats-Unis en troisième année de fac et il se trouve que la nana qui habitait en Espagne était celle qui habitait le plus près de chez moi (et donc, celle pour laquelle les billets d’avions étaient les moins inaccessibles avec mon vieux salaire tout pourri). Elle et moi sommes restées deux jours à Barcelone puis nous sommes parties quatre jours dans un petit village sur la plage avec ses potes. J’avoue, j’appréhendais un peu (même si plage + soleil + maillot + alcool, c’est pour moi la définition même de vacances merveilleuses). C’était pas tellement le fait de rester avec tout plein de personnes que je connais pas qui me faisait peur. Je suis quelqu’un de sociable, ce n’est pas un problème pour moi. Mais c’est surtout parce que mon niveau d’espagnol, bien que défini comme « intermédiaire » sur mon CV, ressemble dans la réalité plus à « tout pourri ». Et le niveau général d’anglais de la plupart des Espagnols (et des Français aussi, ne soyons pas racistes…) est tout aussi « tout pourri » que mon espagnol.

J’étais donc The New Girl. A mon arrivée, j’étais agréablement surprise ; non seulement tous les potes de ma copine se mettaient en quatre pour me parler à deux à l’heure afin que je puisse les comprendre, et se montraient d’une patience exemplaire quand je leur demandais « qué ? » (quoi ?) pour la 26e fois, mais en plus, je n’étais pas la seule The New Girl in town. Un des mecs du groupe avait amené sa copine, et après l’avoir observée dans la meute de loups pendant quelques heures, j’ai tout de suite compris que je serai mieux intégrée qu’elle. Elle ne participait jamais à aucune activité, et répondait systématiquement « no me gusta » (ça me plaît pas) chaque fois que les autres entamaient une partie de cartes ou de beach-volley. Elle ne parlait à personne (je parlais plus qu’elle alors qu’il me fallait dix minutes pour cracher quatre mots) et sa seule fonction semblait de faire câlin-câlin et bisou-bisou à son copain. C’était la fille typique que dans les films on désigne par « La Copine De » et pas par son prénom. J’ai mentalement traité son mec de débile et d’égoïste de l’avoir emmenée : quand on sait que sa nana n’est pas quelqu’un de sociable ni d’à l’aise avec les gens qu’elle connaît pas, pourquoi la foutre dans un groupe de 10 personnes où tu sais qu’elle va s’ennuyer pendant toute une semaine ? Pourquoi ne pas la laisser partir avec ses potes à elle où l’introduire progressivement ?

Et puis, j’ai découvert qu’en réalité, je me trompais. Elle n’était absolument pas une autre The New Girl. Ma pote m’a dit qu’elle était dans le groupe depuis dix mois, et que ça faisait dix mois que ça se passait comme ça. Ça faisait six mois que La Copine De n’était pas autre chose que La Copine De. Ma pote a ajouté qu’elle était bizarre. « Non pas bizarre, seulement timide », j’ai dit pour la défendre. Et puis j’ai eu une conversation avec elle (qui m’a valu tous les efforts de la Terre je dois ajouter) et quand je me suis aperçue qu’en partant de rien elle avait commencé à me raconter que ses parents s’étaient connus à une soirée déguisée Shakespeare, j’en ai conclu que les autres avaient raison, qu’elle était effectivement bizarre.

Mais j’étais malgré tout étonnée de la frénésie avec laquelle les autres passaient des heures à faire du Gossip sur elle dès qu’elle n’était pas là, alors qu’ils s’efforçaient d’être gentils avec elle quand elle était présente. Son mec était leur pote, et ils s’efforçaient de soutenir les goûts de leur pote, si bizarres soient-ils. Mais dès qu’aucun des deux n’était présent, c’était un véritable feu d’artifice de Gossip ! Chacun avait une histoire à raconter par rapport à une encontre qu’il ou elle avait eue avec La Copine De. J’avoue (avec un peu de honte) que je ne suis absolument pas indifférente aux séances de Gossip. Alors j’étais hyper enthousiaste de partager le peu d’histoires que j’avais et de rire aux histoires racontées par les autres (quand je comprenais leur espagnol, bien sûr).

Ce groupe de potes particulier n’est en fin de compte rien d’autre qu’un groupe qui ressemble à tous les autres. Dans chaque groupe composé d’une dizaine de personnes il y a forcément un bouc émissaire qui est moins apprécié que les autres et dont on dit du mal dès qu’il a le dos tourné.

Souvent, c’est un bouc émissaire imposé (du type La Copine De – personne ne peut réellement dire à son mec « écoute, on aime pas ta copine alors ça serait gentil si tu arrêtais de nous obliger à traîner avec »). Parfois, c’est juste un boulet qui traîne avec nous, qu’on aime bien malgré tout mais dont on aime encore plus se moquer. Genre, quand j’étais en échange aux Etats-Unis, il  y avait dans notre groupe un gars, également espagnol, que tout le monde aimait bien, mais que tout le monde tournait en ridicule parce qu’il disait souvent des trucs un peu bêtes. Genre, quand on parlait des déguisements qu’on allait mettre pour Halloween, et qu’un autre gars avait dit « j’ai envie de me déguiser en vampire », il avait rétorqué en disant que tout ce qui était vampire, sorcière et loup-garou, ça faisait pas vraiment peur, et qu’il fallait se déguiser en un truc vraiment effrayant, genre la grippe porcine. Alors forcément, il s’est auto-désigné comme bouc émissaire jusqu’à la fin du semestre. Certaines blagues atteignaient même la limite du méchant et je me forçais à ne pas rire par simple respect (genre celles qui tournaient autour de ses nénés – c’était un mec un peu enveloppé, disons).

Pour donner un autre exemple, dans mon ancienne boîte, on se réunissait souvent avec certains collègues pour critiquer une nana avec laquelle on était très gentils par ailleurs. J’avoue être même l’inventrice d’une expression qui a fait rire tout le monde : « Ce n’est pas un balai qu’elle a dans le cul, mais un aspirateur ». Les gens ne veulent pas faire d’histoires sauf quand la situation en vaut vraiment la peine, c’est dans la nature humaine d’éviter les conflits.

En observant ainsi les groupes de gens, je me suis posé, non sans crainte, la question suivante : Et que disent-ils de moi quand je ne suis pas là ? Parlent-ils de moi ? Et comme il me paraît assez peu probable que je sois la seule personne au monde à échapper aux moqueries qui ont lieu derrière le dos des gens : Est-ce que ce sont des moqueries gentilles, dont je pourrais rire si j’étais présente, ou est-ce que ce sont des moqueries méchantes qui me feraient pleurer ? Genre, est-ce qu’ils se moquent du trop-plein de graisse que je porte sur les cuisses ? (bon, j’avoue, ça c’est quand même peu probable)

L’homme est un animal social, mais je dirais même plus : l’homme est un animal gossipeur. L’homme est un animal qui dit des trucs derrière le dos des gens. Je pense même que c’est le seul animal à le faire (j’imagine assez mal un hérisson aller raconter des bêtises sur un autre hérisson à ses potes hérissons). Il est quasiment débile d’en vouloir à quelqu’un pour avoir dit des choses derrière notre dos car ça fait partie de la nature humaine. De plus, peut-on vraiment, en toute sincérité, dire que nous, de notre côté, n’avons jamais rien dit sur qui que ce soit derrière leur dos ? Moi, c’est sûr que non.

L’humanité est bien triste, pas vrai ?

En cadeau une petite vidéo extraite d’un épisode de la série The Big Bang Theory qui concerne le Gossip :

N’oubliez pas le sondage du mois d’août qui marche vraiment très bien pour le moment (j’ai pas eu autant de voix à un sondage depuis avril !), alors il faut continuer à bien travailler !

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10 commentaires

  1. pasdbol a dit :

    Nous sommes tous des langues de pute (sauf exception). Autant faire avec !

  2. je me pose exactement la même question, “mais qu’est-ce qu’ils racontent sur moiiii?” et en même temps, je crois que je préfère ne pas savoir, après tout, on critique les gens pour rigoler, pas parce qu’on leur veut du mal…

  3. ça fait du bien de gossiper. mais j’aimerais bien être une petite souris pour savoir ce qui se dit de moi :-)

  4. Youpi ! Estas de vuelta (je peux te faire un commentaire en espagnol si tu veux pour que tu restes dans le bain :P ). Bon j’espère que tu nous feras un ptit article sur des aventures calientes avec les Espanish, parce que on veut tout savoir !
    Niveau Gossip au bureau je suis servie. Je suis avec la nana la plus hypocrite de tout l’organisme. C’est le genre à voir le nom s’afficher sur le téléphone et dire “Ho quelle chieuse celle là elle me gonfle”. Et en décrochant faire “Salut, ça va ? Gnagnagna” avec une voix mielleuse, genre “t’es ma meilleure amie du monde”. Je dis pas que j’ai jamais critiqué qui que ce soit derrière son dos, mais pas en la jouant hypocrite come ça, non.
    Après niveau Gossip, je suis pas la dernière je l’avoue. Une de mes copines s’est mariée récemment et on a passé les 6 mois précédents le mariage (et ça sera pareil je pense pour les 6 mois suivants) à critiquer le mariage, les mariés, les invités. Mais bon ça nous empèche pas de bien aimer notre copine bien sûr.
    En même temps, tout le monde le fait comme tu dis. C’est la nature humaine. Par contre il faut faire gaffe de qui on parle, et que ça soit pas trop méchant (ma mère passe son temps à faire des remarques sur le physique des gens, c’est abusé je trouve). Et espérer que la personne n’ait pas trop les oreilles qui sifflent…
    Moi je suis sûre que tout le monde parle sur moi, mais je m’en fous complètement. J’assume totalement ma manière d’être, donc si t’es pas content, bin dégage !

    1. Désolée de te décevoir, mais je ne pense pas qu’il y aura d’articles sur mes aventures calientes avec les espagnols: je n’ai chopé personne! (même que c’est vrai) c’était juste un truc normal avec de la plage, du sable, de l’alcool, pas de quoi faire un article de blog…

      1. Rooo t’es pas drôle ! Bon bin tant pis

  5. nous sommes des langues de vipère ça c’est sûr et jamais je ne dirais n’avoir critiqué personne se serait mentir effrontément… et je suis sûre que l’on parle dans mon dos et qu’on ne dit pas que des choses gentilles sur mon compte mais je m’en fous, tant qu’on assume qui on est on peut faire face :) et puis ça dépend qui critique aussi !!

  6. charliesfolies a dit :

    Oui le gossip fait partie de la nature humaine.. mais des fois il est vraiment méchant. J’ai lâché il y a pas longtemps deux potes en couple parce que dès que quelqu’un de notre groupe n’était pas là il crachait dessus. Au bout d’un moment j’en avais marre d’entendre des horreurs sur mes amis et de les voir leur lancer un beau sourire par devant. Surtout que s’ils faisaient la langue de pute sur tout le monde, ils devaient probablement la faire sur moi. Etre un peu gossip oui, être totalement faux cul non.

  7. moi je dis, vive la franchise!!! même si ça peut apporter des emmerdes parfois :D

  8. Extrait très bien choisi !

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