Mon numéro n’est pas une carte Pokémon!

Dans ce billet, je vais pousser un coup de gueule. En quoi est-ce différent des autres billets, me direz-vous. Ce blog tout entier est un manifeste contre la stupidité des mecs. Hé bien, celui-là sera un coup de gueule carrément violent.

Pour commencer ce coup de gueule, nous allons remonter loin dans ma vie, jusqu’à mes quinze ans (ça me rajeunit pas tout ça). Un jour j’ai reçu un appel sur mon portable. (vous me direz, quand j’avais quinze ans j’avais un portable, donc je dois quand même pas être si vieille que ça !)

• Allô ?
• Oui, *insérer mon prénom ici* ?
• Oui, c’est moi, qui est à l’appareil ?
• C’est Dave.

Pause. Je ne connais pas de Dave. Ni de David qui se fait appeler Dave. Ni même de David tout court, d’ailleurs. Alors franchement son info ne m’aide pas des masses. Il a dû sentir ma confusion parce qu’il s’est justifié par lui-même :

• C’est un ami qui m’a passé ton numéro. J’ai envie qu’on se voie.

La moutarde me monte un peu au nez à ce moment-là. Quel ami ? Qui est le boulet qui s’est permis de filer mon numéro à des gens que je connais pas, sans me demander mon avis ? J’essaie d’en savoir plus sur l’ami en question, Dave ne dit rien, il est stoïque comme un roc. Il est pas totalement abruti non plus (malgré les apparences), il sait ce qui attend son pote si jamais il me dit son nom. Son pote ne va pas rester longtemps sur Terre, et ça il le sait. Je finis par me débarrasser de lui en lui disant un truc du genre « on verra » (à quinze ans j’avais un peu peur de dire non).

Figurez-vous que Dave n’a pas arrêté de m’appeler, il m’appelait en masqué (ben oui, quand il s’agit d’aller piocher des numéros de nanas que tu connais pas à droite à gauche, c’est bon, mais dès qu’il faut afficher son propre numéro, tout de suite, ya plus personne !), donc j’étais obligée de filtrer tous les appels masqués. Il me laissait des messages. Il a arrêté de m’appeler le jour où j’ai changé ma messagerie pour « Bonjour, je ne suis pas joignable ou j’essaie d’éviter de répondre à quelqu’un que j’aime pas. Laissez-moi un message, et si je vous rappelle pas, c’est que c’est vous. » Comme il laissait des messages et que je rappelais pas, il a dû comprendre le lien.

La suite de l’histoire aura lieu de longues années plus tard, le 31 décembre 2010. Je fêtais le Nouvel An avec quatre de mes copines et mes talents culinaires étant ce qu’ils sont, on m’a filé une mission à la hauteur de mes capacités : acheter un gâteau. Je me suis alors rendue à la boulangerie Paul en face de chez moi pour commander un moelleux au chocolat. (la règle, c’est que quand on me confie l’achat du dessert, on finit souvent avec un truc au chocolat) Je suis accueillie par un gars dégueulasse qui me drague d’une façon dégueulasse. Mais bon, j’ai besoin de mon moelleux, alors je serre les dents et je commande. « Bonjour, il me faudrait un moelleux au chocolat pour cet après-midi, vers 17h… » Creepy Guy me demande mon nom et mon numéro de téléphone. Pour la commande. (soi-disant)

Le lendemain, 1er janvier donc, je reçois pléthore de vœux de bonne année, dont un provenant d’un numéro que je ne connais pas, mais qui me connaît assurément parce qu’il y a mon prénom dedans. (je précise parce que ce même 1er janvier j’ai eu une longue conversation par SMS avec un numéro que je connais pas mais qui a fini par s’apercevoir qu’il s’était trompé de numéro). Je demande alors de qui il s’agit. Il me répond « Paul ». Vous me direz, j’aurais dû comprendre immédiatement, vu la façon dégueulasse dont Creepy Guy m’avait draguée à la boulangerie. Sauf que moi, j’avais totalement zappé cet incident, et du coup ça me disait rien. Paul ? J’en connais deux des Paul. J’ai le numéro des deux. Et si l’un des deux venait à changer, il préciserait son nom de famille, car il est au courant que je connais deux Paul (je les connais un peu de la même façon). Je demande quand même : « Paul qui ? ». Il me répond : « Moelleux chocolat ». Idem, là, j’aurais dû trouver. Pour le coup je suis pas très futée. Mais je comprenais toujours pas. Je réponds par un vague « ? », la conversation a failli s’arrêter là.

Sauf que deux jours plus tard, je reçois un texto au boulot : « Pas trop dur la reprise ? ». Euh, ben, non, sauf que je sais toujours pas qui t’es. « Non, mais t’es qui ? ». « On s’est échangé des regards ». Ah bon. C’est peut-être Hot Stuff, le mec le plus beau de ma fac (et probablement le plus beau mec que j’ai jamais vu en vrai). Ben quoi, j’ai bien le droit de rêver un peu non ? Et puis il a bel et bien échangé des regards avec moi. (tout comme avec toutes les filles qui ressemblent pas trop à des trolls de ma fac, je pense) Alors je dis : « Quelqu’un de la fac ? ». Réponse : « Non, je travaille dans ton quartier. Tu es étudiante ? ».

J’essaie de mobiliser les cellules de mon cerveau. C’est peut-être le vendeur trop mignon de chez Subway qui est une des raisons pour lesquelles je vais tout le temps chez Subway. C’est vrai qu’il n’a pas mon numéro et il ne connaît pas mon prénom, mais c’est un détail, ça peut quand même être lui non ? Oui mais ma pauvre, tu rêves trop. Sois réaliste un peu.

Et là j’ai enfin assemblé les morceaux. Paul. Moelleux chocolat. Il travaille dans mon quartier. C’est Creepy Guy. J’ai failli vomir quand j’ai réalisé. Mon collègue Phileas Fogg qui regardait l’évolution des événements s’est bien marré. C’est vrai, au départ j’étais tout excitée de recevoir des textos d’un numéro inconnu, si ça se trouve ça allait être quelqu’un de très beau. Et de gentil, parce que la beauté ne fait pas tout. (ouais je sais c’est pas vrai, mais bon il faut que je sois un minimum politiquement correcte dans ce blog) Ce mec mystérieux pouvait être le meilleur plan cul de la Terre. Ou alors, le mec parfait pour rendre F. vert de jalousie et lui faire regretter à tout jamais de m’avoir plaquée. (je rappelle que j’étais dans ma période F. à l’époque) Mais non… c’était Creepy Guy, tout simplement.

Morale de l’histoire, je ne suis plus retournée chez Paul pendant de longs mois, et au début j’avais même peur de rentrer chez moi, de peur que Creepy Guy me voie et sache où j’habite. (en soi, c’était pas très compliqué pour lui de le savoir, s’il avait vraiment voulu me stalker – il avait mon prénom et mon nom, et je suis dans les Pages Blanches) Heureusement l’histoire s’est arrêtée là. Mais même, suis-je la seule que ça choque qu’un employé décide d’utiliser le numéro qu’une pauvre cliente innocente a donné pour avoir son moelleux au chocolat qui est le seul rayon de soleil dans sa vie à des fins personnelles ? Je sais pas moi, j’ai commandé au moins vingt fois des pizzas chez Pizza Hut, pourtant aucun des livreurs ne se permet de m’appeler. Ça devrait être pareil chez Paul non ?

Mais pourquoi je vous ponds soudainement cet article maintenant ? Parce qu’il y a quelques jours, j’étais dans le train de nuit Nice-Paris et j’ai reçu un mystérieux texto. L’avantage, quand les événements sont assez récents (et quand on a un iPhone), c’est qu’on peut obtenir une capture d’écran du texto en question. Jugez par vous-mêmes :

(parc e que même le type qui a envoyé ce texto mérite un peu de respect vis-à-vis de sa vie privée, j’ai flouté son numéro… et l’autre truc flou, c’est mon prénom, que je veux pas, par principe, afficher sur le blog)

Alors moi, tout de suite, je me dis que c’est forcément un boulet. Il commence quand même sa présentation par dire « beau gosse ». Je sais pas moi, les gens normaux ils commencent par dire « je m’appelle Machin, j’ai X ans », mais ils commencent pas par se traiter de « beau gosse ». Premièrement, parce qu’ils finiront par ne plus rentrer dans leurs chaussettes. Deuxièmement, parce que c’est pas comme si quelqu’un allait commencer sa présentation par « salut, je suis moche ». Et puis sa présentation pue le sexe. Non pas que j’aime pas le sexe, ni que je suis contre l’idée d’un nouveau fuck friend, mais bon ça empêche pas de se présenter normalement. Par son prénom, et non par le fait qu’on est « très hot ».

Et en plus, pourquoi décide-t-il de m’envoyer ce texto à 2h du mat ? Comme le texto l’indique, il risquait de me réveiller. Bon, certes, j’étais dans le train de nuit alors c’est pas comme si je dormais merveilleusement de toute façon. Vous remarquerez que ma réponse a été envoyée à 4h30, pas mieux. Ma réponse est gentille encore. (parce qu’il fait 1m86 et j’aime bien les grands)

Suite de la conversation :

Alors déjà il m’envoie ça sous forme de 4 textos. Dont un vide et un contenant uniquement un smiley. Autrement dit quand j’ai regardé mon iPhone, je me suis dit « au secours je suis harcelée ». Ensuite il y a encore la mystérieuse « connaissance ». Je suis entourée de gens qui se filent mon numéro. Sérieux c’est si compliqué que ça de venir me voir et de me dire « salut j’ai un pote qui aimerait bien te connaître, il est comme ceci comme cela, est-ce que ça te dérange que je lui file ton numéro ? ». Le plus souvent, je dis oui ! Je ne suis absolument pas opposée au principe des blind dates. En même temps, si ces gens comptent me présenter des boulets pareils, c’est peut-être plus facile de le faire derrière mon dos. Difficile de vendre un mec comme ça.

J’en ai marre. D’abord Dave il y a quinze ans, ensuite le vendeur de chez Paul, ensuite lui. Alors j’envoie, une fois pour toutes, ma première réponse méchante :

Personnellement, sa réponse à lui, j’ai pas compris. Qui est le gamin en question ? Est-ce qu’il parle de lui ? Mais lui est loin d’être un gamin, il a 31 ans. Est-ce qu’il parle de quelqu’un d’autre ? Si oui, est-ce que ce quelqu’un d’autre a 18 ans ? (non parce que j’ai 21 ans moi, ya pas marqué « baby-sitter » sur mon front) Mais s’il parle de quelqu’un d’autre, pourquoi c’est lui qui me vend ses muscles et ses services et me propose d’aller boire un café ? Et surtout, si ce quelqu’un d’autre me connaît pas, d’où il sort mon prénom et mon numéro ? A priori je me balade pas avec ces deux infos tatouées sur mon front !

J’avais envie d’en savoir plus, mais finalement, j’ai abandonné. Je me suis dit que ça en valait pas la peine, que j’en saurais pas plus, que c’était comme l’histoire de Dave six ans auparavant. Mais je me demande, quelles sont les motivations qui poussent quelqu’un à filer le numéro de quelqu’un d’autre à son pote sans en informer la personne en question, et ce même pas pour une raison intelligente ? Genre, je comprendrais si par exemple, j’étais partie en échange aux Etats-Unis, et qu’un de mes potes avait filé mon numéro à un autre pote qui voulait lui-même partir, pour avoir des infos… ça ça me paraît une raison correcte – même si demander c’est toujours mieux. Pour que le mec puisse se vendre en tant que beau gosse boulet – ça c’est pas une raison valable.

Jusqu’où peut pousser le manque de respect ?

N’oubliez pas le sondage du mois d’août qui marche vraiment très bien pour le moment (j’ai pas eu autant de voix à un sondage depuis avril !). Grâce à vous nous avons atteint les 200 participants, mais il faut plus, plus, plus, surtout que vous n’avez plus que jusqu’à jeudi !