You’re a mean one, Mr. Grinch

Bon, vous connaissez l’histoire du Grinch, je suppose… Pas l’adaptation avec Jim Carey hein (que je n’ai pas vue), la vraie histoire de Dr. Seuss. En gros, je résume pour ceux qui ne connaissent pas, le Grinch est une espèce de créature verte et poilue qui vit isolée en haut d’un arbre, pendant que les habitants de Whoville (je crois que ça a un autre nom en français, mais moi je l’ai lu qu’en anglais donc vous vous débrouillerez avec) se préparent à fêter Noël. Et le Grinch, il n’aime pas Noël, parce que les autres l’énervent avec leurs cadeaux, leurs chants de Noël et leurs sapins. Il décide alors de voler tous les cadeaux et toutes les décorations pour faire chier le monde.

Moi je dis, le Grinch de Dr. Seuss est quand même une créature bien incomprise. Déjà, le pauvre, il est tout vert et poilu. Franchement, moi si j’étais née verte et poilue, j’aimerais pas grand monde non plus. Et en plus, personne lui facilite la vie en allant lui parler et en lui demandant ce qui ne va pas dans sa vie. C’est pas comme s’il pouvait voir un psy pour surmonter son complexe d’être plus vert et plus poilu que les autres. Et puis, soi-disant son cœur est plus petit que celui des autres parce qu’il n’aime pas Noël.

Et là, moi je dis STOP. Ne pas aimer Noël ne veut pas dire qu’on est méchant et qu’on mérite d’aller au bûcher. Bon, d’accord, voler les cadeaux et les décorations, c’était peut-être une réaction un peu exagérée, mais je persiste à croire qu’elle n’était due qu’à un trop-plein d’émotions de la part du Grinch. Ne pas aimer Noël, c’est ce qui s’appelle une question de goûts. Faut arrêter avec ces trucs que tout le monde est censé aimer au risque de passer pour un sans-cœur. Au top de la liste, les lapins, les bébés et Noël. Bon, j’adore les lapins, mais les bébés et Noël, j’aime pas. Est-ce que ça veut dire pour autant que j’ai un cœur de taille inférieure à la moyenne ? Je pense pas. Les médecins me l’auraient dit sinon (oui je suis hilarante).

Le Grinch, il a quand même pas mal de bon sens je trouve… Parce que Noël, malgré les apparences, c’est une fête qui a ses défauts. Tel un Grinch en puissance, je vais m’acharner à descendre Noël sur toutes les raisons qu’on a de l’aimer, parce que je suis CES et je suis cynique. Hé ouais mon pote.

1. Noël est la fête de la bonne bouffe. Pourquoi pas moi je dis. Mais de un, tout le monde se plaint des kilos pris pendant les fêtes (le « holiday weight » comme dirait Ross dans Friends), alors si tout le monde arrêtait de s’empiffrer, ça nous épargnerait les régimes et les plaintes qui naissent au mois de janvier. De deux, ce qu’on mange à Noël, c’est franchement pas si bon que ça. Le foie gras ? C’est pas mal, mais personnellement je préfère le caviar. (je vous rassure je ne suis pas Liliane Bettencourt, je suis simplement d’origine russe, et en Russie le caviar est beaucoup plus abordable qu’en France – disons que c’est semblable au foie gras en France justement) Les huîtres ? Beurk, c’est Noël et vous trouvez rien de mieux à faire que manger des trucs crus. Pour moi la douzaine d’huîtres qui a une chance sur deux de ne pas être fraîche ne remplacera jamais la cocotte de moules marinière qu’on peut manger chez Léon de Bruxelles. (bon à part si on compte l’opinion de Zézette dans Le Père Noël est une ordure, qui dirait qu’on peut pas faire d’aussi jolis cendriers avec les coquilles de moules) La dinde aux marrons ? Mouais, mais perso je préfère le poulet. La bûche ? Franchement, c’est Noël et c’est le meilleur dessert que vous pouvez nous sortir ? Je suis une accro des desserts (cf. Conseils d’une sucrériphage qui a réussi), mais là franchement j’ai envie de mieux… Où est passée la tarte citron meringuée, où est passé le fondant au chocolat ? Le brownie ? (comme quoi, je vous avais fait croire que j’avais des goûts de luxe avec mon caviar, mais vous découvrez que je suis une Yankee dans l’âme) Ou sinon, pour rester dans l’esprit Le Père Noël est une ordure… où est passé kloug?

2. Noël est la fête de la famille. Moi je dis c’est facile de se réjouir des fêtes de famille, quand on a plus d’une personne dans la famille qui vit dans le même pays que nous. (toute ma famille vit en Russie, sauf ma mère, qui vit en France) Moi je dis c’est facile de se réjouir des fêtes de famille, quand tout le monde dans la famille n’est pas divorcé. (pour avoir au complet l’histoire des divorces dans la famille de moâ, consultez l’article Peut-on être célibataire et épanouie ?) Moi je dis c’est facile de se réjouir des fêtes de famille, quand les gens qui vivent dans notre famille sont à peu près supportables. Genre, quand on n’a pas une cousine dont les conversations téléphoniques avec nous ressemblent à peu près à ceci : « Salut, t’as un mec ? – Non. – Ok, ben, au revoir ! ». J’exagère à peine… Ou encore, quand on n’a pas une grand-mère qui nous pose des questions à la con du genre : « Y avait qui à ta fête d’anniversaire ? – Ben, Untel, Untel et Unetelle. – Ah oui, c’est tes amis ? » (non mamie, c’est des gens que j’ai ramassés dans la rue, j’ai eu pitié j’ai décidé de les inviter) Imaginez deux heures de conversation dans ce style… Ainsi, Noël, c’est vite transformé en soirée en tête-à-tête avec ma mère. Ces soirées se sont beaucoup améliorées depuis qu’on n’habite plus ensemble et qu’on ne se marche plus sur les pieds. Mais quand même. Ma mère est encore plus optimiste que moi à propos du couple (c’est ironique, pour ceux qui avaient pas capté), et à propos du reste du monde, aussi. Les conversations avec elle c’est du genre : « Quand tu commenceras à bosser, tu seras détestée de tout le monde, mais ne t’en fais pas » ou « Je suis persuadée que c’est un de tes amis qui t’a volé ta carte bancaire ». Je crois qu’on a sérieusement besoin de Bisounours dans ce monde.

D’ailleurs je discutais avec des collègues sur « l’esprit de Noël ». Encore un grand mot tiens, Noël c’est qu’un jour hein, Noël c’est pas une personne. Faut pas lui attribuer des qualités qu’il n’a pas. L’un d’eux a dit « Noël c’est pas avoir un nouvel iPad ou n’importe, c’est passer du temps avec sa famille ». J’ai aussitôt répondu « Je préfère avoir un nouvel iPad que passer du temps avec ma mère ». Il m’a dit « Oui mais il y a des trucs que tu peux faire avec ta mère que tu peux pas faire avec un iPad ». J’ai répondu « Oui mais je peux baiser devant mon iPad, devant ma mère je peux pas ». Et paf, ça les a calmés, tout de suite.

3. Noël est la fête des cadeaux. Sauf que, quand on est une accro du shopping payée 574€/mois, offrir des cadeaux devient vite synonyme de torture. Oui parce que de tout le mois de décembre, on ne s’offre rien. Et je ne parle pas seulement fringues et maquillage. Je parle aussi nourriture et papier toilette. Tout ça pour au final, offrir des cadeaux dont les gens ne se serviront pas parce qu’il faut l’avouer, je suis assez nulle quand il s’agit d’offrir des cadeaux. J’offre toujours un truc que la personne a déjà ou j’offre un truc dont elle ne se sert pas. La seule fois de ma vie où j’étais vraiment fière de moi, c’est quand j’ai offert les DVD de Pirates des Caraïbes à ma mère. Car le fanatisme vis-à-vis de Jack Sparrow est héréditaire dans notre famille. Ma mère a alors couru dans tout l’appart en poussant des cris. Bon, elle a divorcé depuis, et ne pousse plus de cris jamais – pas des cris contents en tout cas – mais n’empêche j’ai vraiment eu l’impression de lui avoir fait plaisir ce coup-là. Sauf que, c’était pas pour Noël le cadeau, mais pour la Fête des Mères. Faut bien que quelque chose cloche quelque part, sinon c’est pas drôle.

Quand j’étais au collège, j’étais dans un collège de riches bobos. Je passe le nom du collège, mais si vous êtes de Paris vous connaissez sûrement, ou vous connaissez au moins le lycée éponyme. Cependant, ma famille n’était pas riche – pas genre « je-crève-de-faim-tellement-je-suis-pauvre », mais pas riche. Et j’avais une amie, qui adorait faire des cadeaux. Pourquoi pas jusque-là. Sauf qu’avant d’offrir le cadeau, elle me disait à l’avance combien elle allait dépenser pour mon cadeau, de façon à ce que je dépense la même chose. Autant vous dire que c’est tout juste si mes parents n’avaient pas du charbon à Noël pendant cette période. Et l’amie en question, évidemment, je ne lui parle plus.

4. Noël est la période où on passe plein de films. Sauf que les bons films de Noël, ça se compte sur les doigts d’une main. Un film qu’ils passent quasi tous les ans le 25 décembre, sur au moins une chaîne, si ce n’est plusieurs, c’est La Course au Jouet, avec Schwarzie. Franchement, côté intérêt, ils auraient vraiment pu trouver mieux. Je l’ai regardé étant gamine, et je l’ai même revu plusieurs fois – honte à moi – parce que très souvent, le 25 décembre, quand je suis toute seule chez moi, il n’y a que ça. En gros, pour ceux qui connaissent pas l’histoire – même si je doute que vous ayez pu y échapper – c’est un père qui oublie d’acheter une poupée de superhéros pour son fils, et qui, étant un abruti, s’y prend la veille de Noël, et comme c’est un superhéros hyper populaire, forcément il n’y a plus rien. C’est sûr, ça mérite d’en faire un film. Et je vous épargne tous les autres films, genre l’histoire du Père Noël qui a perdu ses rennes ou le fils du Père Noël qui doit reprendre l’entreprise familiale… mais arrêtez de nous donner de la daube, zut quoi. Pour moi il y a deux films de Noël qui valent le détour: Super Noël (mais si c’est l’histoire où le Père Noël tombe du toit et où un bonhomme doit prendre sa place… c’est un peu enfantin, mais au moins ça a le mérite d’être marrant) et Le Père Noël est une ordure (pour celui-là vous vous en doutiez, je le cite depuis tout à l’heure… j’adore ce film car il a le mérite de présenter Noël tel que c’est réellement, avec sa bouffe pourrie sous forme de kloug, avec ses cadeaux pourris, et ses gens qui se suicident la veille de Noël parce qu’ils se sentent trop seuls…).

5. Noël est la fête de l’amour. C’est ça, c’est pile ce dont le monde avait besoin, une nouvelle fête pour fêter les amoureux. Non contents d’avoir leur propre fête bien à eux (ben oui la Saint-Valentin c’est pour les chiens ?) les amoureux monopolisent déjà toutes les fêtes, à tel point que ceux qui fêtent Noël, le Jour de l’An, les anniversaires, les vacances et les week-ends en solo sont vus comme des parias de la société. Moi je dis, il serait temps qu’on ait notre fête des célibataires. Qu’en pensez-vous ? J’écris une lettre à Sarko pour lui proposer ? Et quand vous êtes célibataire à l’approche de Noël, vous devez vous farcir toutes les conversations des en-couple qui sont encore pires à cette période-là que le reste de l’année. J’ai déjà parlé dans Peut-on être célibataire et épanouie ? de C., une nana de ma promo qui a parlé pendant 3 heures de la superbe montre Hugo Boss à 500€ qu’elle comptait offrir à son chéri. Sinon, c’est une fille que j’aime beaucoup hein. (j’ai pas envie de m’attirer des foudres) Au boulot, c’est pas mieux ; je suis la seule célibataire et je me farcis les conversations qui listent tous les cadeaux qu’ils ont offert à leurs copains et copines depuis qu’ils sont ensemble. Yen a qui sont en couple depuis sept ans, alors forcément c’est des longues listes. Et moi, je suis jamais restée en couple suffisamment longtemps pour ne serait-ce que les conseiller, alors forcément je décroche des conversations. Et on me reproche après de passer les conversations à pianoter sur mon iPhone. Ben choisissez des conversations auxquelles je peux participer dans ce cas…

Après c’est vrai, il y a aussi des bons côtés à Noël. Genre, le fait que Lush sorte ses produits de Noël. Genre un baume à lèvres au sirop d’érable et un gel douche aux épices (mes gros chouchous de cette année). Mais encore faut-il avoir les sous pour se les payer (cf. le point 3 de mon argumentation).

Genre, c’est bientôt les soldes. (mais on n’a pas besoin de Noël pour ça, ya juste besoin que ça soit l’hiver, et franchement si on était aux Etats-Unis on ferait nos soldes quand ça nous chante et on s’en foutrait de ce que pense le gouvernement)

Genre, le pain d’épices et les nouveaux packagings des chocolats Kinder. Cela dit, il faut se rendre à l’évidence, ils te changent le packaging façon Noël pour après te vendre les mêmes chocolats dix fois plus cher. Et puis, ça fait prendre des kilos.

N’oubliez pas de voter au sondage de décembre, vous n’avez plus qu’une semaine !

Et comme vous êtes des amours, je vous mets en exclu la theme song du dessin animé “How the Grinch stole Christmas”: