Rencontres

Les rencontres sur Internet, ou le triomphe des geeks

« J’ai son image
J’ai son email
Son coeur au bout du clavier
J’ai son visage
Et l’envie d’elle
Sans jamais l’avoir touchée »

(Calogero, Pomme)

Le marketing nous manipule à coups de trois cents et quelques belles histoires par jour qui commencent sur Meetic. Mais la réalité est tout autre. Vous faites forcément partie de l’une ou l’autre catégorie : soit vous avez déjà fait une rencontre sur Internet et vos amis se sont moqués de vous slash ont été choqués (« mais tu le connais pas, tu te serais fait violer, imagine, bla bla »), soit vous n’avez jamais rencontré personne sur Internet et vous pensez que c’est là une affaire de gens qui vivent dangereusement slash qui n’ont pas suffisamment de vie pour rencontrer des gens en vrai.

Mais rencontrer des gens en vrai, n’est-ce pas vivre dangereusement ? Qu’est-ce qui nous garantit que le beau brun avec qui on a flirté toute la soirée ne se révélera pas soudainement être un dangereux psychopathe à partir du quatrième rencard ? Et si on exclut la dimension psychopathique de la chose (qui, admettons-le, a des chances assez limitées de se produire – même si ce n’est pas une raison pour se montrer imprudente, n’oublions pas Katie Piper, cf. Dix modèles pour célibataires), qui est-ce qui a le plus de chances de nous faire du mal – un type qu’on n’a jamais vu de notre vie ou un type qu’on apprécie, voire qu’on aime, et à qui on fait confiance ? Dans une relation, le mal vient toujours, au départ, de quelque chose de bien – enfin, disons, socialement bien, moi ce sont des notions qui me donnent la nausée – à savoir, l’amour, la confiance, le don de soi. Un homme en qui nous n’avons pas confiance – à savoir un étranger rencontré sur Internet – a assez peu de chances de nous faire du mal, sauf assaut physique, mais comme je l’ai précisé, ça se produit assez rarement.

Les filles qui rencontrent des gens sur Internet ont-elles nécessairement moins de vie que les autres ? Si vous avez regardé How I Met Your Mother, vous savez que selon une des nombreuses théories de Barney Stinson les jolies filles qui parcourent la Toile pour se trouver des mecs sont soit folles, soit des putes, soit des mecs. Si vous êtes absolument convaincue de n’être aucun des trois, vous vous êtes invariablement posé la question : suis-je moche ? Suis-je tellement moche qu’aucun mec n’ose m’approcher en vrai, au point que je suis obligée de « geeker », comme dirait un de mes amis, pour parvenir à mes fins ?

Rassurez-vous : peut-être que vous êtes effectivement moche, mais si c’est le cas, ça n’a rien à voir avec le fait que vous parcourez la Toile pour vous trouver des mecs. Mais les filles moches sont bien plus rares que les mecs moches, parce qu’avec la bonne coiffure, le bon maquillage et des vêtements qui mettent en valeur, 95% des vilains petits canards peuvent se transformer en magnifiques cygnes. Ce qui est plus probable en revanche, c’est que vous avez un emploi du temps de ministre : vous avez cours, vous bossez, vous voyez vos amis, vous enchaînez les baby-sittings, vous avez une grande famille, vous voyagez beaucoup, et cetera, et cetera, rayez les mentions inutiles. Avec ce planning, forcément, comment voulez-vous mettre une robe courte et un décolleté à la Edie Britt et aller appuyer vos seins siliconés contre le comptoir d’un bar ? Peu probable, pas vrai ? En revanche, rentrer chez vous, mettre un peignoir Hello Kitty, un chouchou dans les cheveux et un masque revitalisant sur la bobine et aller envoyer un message à mysterieux_inconnu93 parait déjà une tâche plus réalisable.

Alors, oui, rencontrer des gens sur Internet, c’est plutôt une façon geek de voir les choses. Mais comme m’a expliqué le même ami qui dit « geeker », un ami que j’apprécie beaucoup, il y a une différence entre un « geek » et un « no-life ». Ah bon, je croyais que c’était la même chose. Mais non, mon ami m’a expliqué que si vous aimez passer du temps sur votre ordinateur, si vous aimez jouer aux jeux vidéo ou aller sur Internet (voire bloguer ?), vous êtes une geek. Autrement dit, moi, qui consacre beaucoup de temps à mon blog, je suis peut-être une geek, mais ce n’est pas grave d’en être une. Sheldon et Leonard de The Big Bang Theory sont des grosses exagérations du concept de geek ; les geeks ne ressemblent pas à ça. Mais si vous envoyez paître vos amis parce que c’est l’heure des jeux vidéo (véridique, il y a des gens comme ça aussi), vous êtes une no-life.

Il y a par conséquent la possibilité que vous soyez une no-life professionnelle, et que la seule façon via laquelle vous rencontrez des gens, c’est entre deux parties de World of Warcraft, où vous allez sur Meetic pendant la pause donuts et chips saveur barbecue. Mais, même si ça va paraître sexiste, mais c’est plutôt un truc de garçon. A traduire : même si vous avez des chances (qui ne sont cependant pas si grandes que ça) de tomber sur le plus gros no-life de la Terre en surfant sur un site de rencontres ; cela dit, il est fort possible de discerner ce genre de gros no-life parce qu’il va mettre huit mois avant d’accepter de vous voir en vrai. Vous savez, le temps de se débarrasser de son acné et d’apprendre à parler aux filles.

Sinon, l’argument sexiste mis de côté, il y a deux trucs infaillibles pour savoir si vous êtes une geek ou une no-life.
– Si vous ne mettez pas plus de deux semaines avant de rencontrer les mecs à qui vous parlez sur Internet, il n’y a pas de souci, vous n’êtes pas une no-life. Les no-life se distinguent par le fait qu’il est plus facile pour eux de parler cachés derrière leur écran ; les gens normaux vont vite trouver ça bizarre et proposer un café afin de mieux connaître la personne.
– Si vous avez une photo sur votre profil, et que cette photo est bien la votre et non celle de Vanessa Hudgens, vous êtes également normale. Les no-life ont souvent honte de leur apparence, et comme j’ai dit dans le point précédent, ils se disent qu’une rencontre n’arrivera jamais en vrai et donc ils n’auront pas besoin de prouver qu’ils ne ressemblent pas à Vanessa Hudgens.

Vous, vous n’êtes pas une no-life. Vous cherchez simplement à rencontrer de nouvelles personnes et à passer des soirées sympa (voire remplies de sexe si affinités), et il n’y a rien de mal à ça, même si vous employez pour ça des méthodes qui n’existaient pas il y a vingt ans. Maintenant, ce que j’en pense réellement. Ai-je essayé ? Oui. Est-ce que ça a abouti ? Tout dépend de ce que vous entendez par « abouti ». Est-ce que je pense que trois cents et quelques belles histoires par jour commencent vraiment sur Meetic ? Oui, si par belles histoires on entend « film porno » ; non, si par belles histoires on entend « Blanche-Neige ». Je pense que le véritable amour ne se provoque pas, qu’il nous tombe dessus au moment où on s’attend le moins, et qu’en cherchant l’âme sœur (quelle expression à vomir !) sur Internet, on supprime l’élément nécessaire qui est selon moi nécessaire à l’amour. Mais je pense aussi que si on supprimait le véritable amour, on supprimerait aussi les trois quarts des filles boulimiques, dépressives et suicidaires de notre planète. Les rencontres sur Internet ont donc le même but que ce blog : empêcher que des filles soient blessées. Un but bien noble, en somme.

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5 commentaires

  1. Ben des histoires de Blanche-neige qui commencent sur internet c’est possible! C’est sûr que le plus souvent ça reste une histoire “d’amour physique” ou une histoire qui ne dure pas mais dans la “vraie vie” c’est pareil : combien de rencontres fait-on avant de tomber sur “le bon”?? Et y a t-il réellement “un seul bon”? Cela dépend des conceptions personnelles! Internet n’est qu’un moyen comme un autre de faire des rencontres et c’est tout! Et c’est d’ailleurs sur Meetic que j’ai rencontré l’homme qui est maintenant mon mari depuis 5 ans…

  2. ahaaaaah j’ai trouvé ton article! super!

    Et pour avoir testé et re-testé, je ne crois pas qu’une relation sérieuse et réelle pleine d’amoûûûûûr puisse se trouver sur internet…

  3. Personnellement j’avais rencontré mon ex sur internet, mais pas sur un site de rencontre genre meetic. Et moi qui ne croyais pas dans l’honnêteté sur le web, force est de constater que notre histoire a duré 3ans et demi et qu’elle a été sincère bien que faisant maintenant partie du passé ^^ Donc oui, les relations sérieuses et pleine d’amoûûûr comme dit Emilie, ça peut exister même sur Internet. Après c’est toujours la même chose : dans la vraie vie ou sur le web, si on n’est pas honnête on ne peut rien attendre de sérieux côté sentiments. Reste à savoir si ça vaut le coup de faire dans le sentiments. ça c’est une autre histoire ^^

  4. Priscillia a dit :

    J’ai ma meilleure amie qui ne fait presque que des rencontres par internet et cela se terminait toujours par un échec.Je me suis souvent moqué d’elle en lui disant que c’est pas sur internet qu’elle rencontrerait “l’homme de sa vie”.Et puis me voila sur le site gentiment recommandé par mon amie.Je rencontre quelqu’un et bam ça fait 5 ans que je suis avec un homme charmant,de qui j’attends un enfant et avec qui je me marie dans 2 semaines.Comme quoi faut laisser ses à priori de côté.

  5. Je vais encore une fois raconter ma vie. J’ai rencontré 3 de mes copains sur Internet (j’avoue c’est beaucoup mais c’était dans une courte période et j’étais déprimée et pas sûre de moi donc bon j’ai pas fait exprès). C’était pas sur des sites de rencontres, mais sur des forums de groupes de musique que j’aimais bien. Le premier je l’ai ensuite vu en vrai il me plaisait moyen c’était un peu un démeuré mais bon je suis quand même sortie avec lui, et j’aurai pas dû car au bout de 4 mois il a trouvé que c’était drôlement long et il m’a jartée. Le 2e était taré. Je suis sortie avec lui pour oublier le 1er mais l’ai virée au bout d’une semaine et il l’a mal pris puisque pendant 2 mois ensuite il m’a harcelé au tél et sur le net car j’étais la femme de sa vie et qu’il allait se suicider…
    Le 3e était bien sous tout rapport sauf qu’il habitait à l’autre bout de la France (et ensuite je suis partie à l’étranger donc ca arrange pas les choses). On a rompu à cause de ça au bout d’un an.
    Donc maintenant j’arrête le Net et je préfère la vraie vie. C’est moins facile mais on peut sélectionner la marchandise un peu plus avant, dirons-nous.

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