Ruptures

A l’Ex rien de nouveau

Dans un bouquin que je lisais récemment, Bazaar de Stephen King, il y avait un personnage, Wilma Jerzyck, qui voyait le mariage comme une guerre. She had many such secrets, and kept them all for the same reason: in a war, you held onto every advantage. […]She believed in her heart that marriage was a lifetime adventure in aggression, and in such a long campaign, where ultimately no prisoners could be taken, no quarter given, no patch of marital landscape left unscorched, such easy victories might eventually lose their savor.

Certes, le personnage en question était une horrible femme qui est morte poignardée une cinquantaine de pages plus tard ; mais l’idée en elle-même n’est-elle pas une idée innovante ? Le couple (le Stephen King date d’il y a vingt ans – la notion de « couple » est aujourd’hui plus d’actualité que la notion de « mariage ») ne doit plus être vu comme une équipe, mais comme deux équipes distinctes se battant l’une contre l’autre. Si tout le monde comprenait ça, peut-être qu’on se passerait des ruptures où chacun se dit « ah, si seulement je ne lui avais pas ouvert mon cœur ! ».

Mais, minute : si le couple est une guerre, qu’advient-il de la rupture ? La suite logique voudrait que la rupture soit une sorte de capitulation, d’armistice ; mais c’est bien évidemment totalement faux. Ainsi il s’agit de perfectionner un peu les dires de Stephen King. Le couple est une sorte d’assassinat de l’archiduc François-Ferdinant ; c’est une sorte de prélude à la guerre, elle est déjà déclenchée, tout le monde est vexé, mais c’est rapide et ce n’est pas le point culminant. La rupture, c’est la Première Guerre Mondiale, celle décrite par Remarque dans A l’Ouest Rien de Nouveau, celle où tout le monde est toutes armes dehors et où tous les coups sont permis.

Pour comprendre cela, il faut d’abord se débarrasser de certains tabous qui semblent ancrés dans notre société pour des raisons totalement bizarroïdes.

1. L’amour, ça ne dure pas toujours. Toute relation qui ne se termine pas par une rupture se termine par une mort. Cette citation vient de Dr House, je crois qu’elle a été dite par Wilson, mais je ne suis pas sûre. A moins d’être un couple de petits vieux touchants qui meurent tous les deux le même jour – je l’ai entendue mille fois dans les contes, celle-là, mais franchement, vous connaissez des petits vieux à qui c’est vraiment arrivé, vous ? – on devra un jour faire face à une fin de relation. Et si vous ne pouvez pas imaginer le corbillard transportant le cercueil de votre cher et tendre même dans vos cauchemars les plus terribles, il vous faudra choisir l’autre option : la rupture.

2. L’amour, ça n’arrive pas à tout le monde. Hé oui, les gens arrivent à vivre des vies sans jamais avoir eu de vraie relation. Certaines personnes sont faites pour être célibataires et sont inadaptées à la vie de couple, et il y en a aujourd’hui de plus en plus. On peut même se demander, si Darwin décidait soudainement de procéder à une sélection naturelle, quelle espèce serait la plus apte à survivre.

3. La rupture, en revanche, ça arrive à tout le monde. C’est une suite du point 1 en réalité, mais en éliminant le décès, car il faut regarder la vérité en face : les divorcés sont aujourd’hui bien plus nombreux que les veufs. Que ce soit après trois semaines, un an et demie ou vingt-six ans, on se retrouve à gérer la phase de rupture – sauf pour les quelques heureux élus qui épousent leur amour de lycée et restent avec jusqu’à leur mort, mais soyons honnêtes, la plupart de ceux-là meurent dans un accident de voiture avant l’âge de trente ans. Trop de Carrie Bradshaw décolorées nous apprennent comment lutter contre le célibat ; pas assez de Samantha Jones nous expliquent comment entrer dedans avec grâce. Trop de bouquins dans ce monde nous expliquent comment garder un homme ; pas assez nous expliquent comment le laisser partir. Pourtant, c’est ce qu’on devrait savoir ! Après avoir perdu l’amour, est-il encore possible de gagner une rupture ?

La réponse est oui. Enfin, je l’espère, sinon je suis mal barrée.

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3 commentaires

  1. Passiflore a dit :

    Oui je connaissais des ptis vieux qui sont morts le même jour ! Mais c’est rare.
    En tous cas je suis totalement d’accord avec toi, ya des gens qui sont faits pour être célibataires, je dois surement appartenir à cette catégorie. Mais grâce à ton blog (que je découvre), grâce à mon expérience personnelle je me dis que ce n’est pas la fin du monde… Je me reconnais plus en Samantha Jones (et mes amies pourront le confirmer) qu’en Carrie Bradshaw !
    Bravo pour ton blog

  2. J’aime beaucoup ton blog et je suis d’accord avec la quasi-totalité de tes dires.
    Seulement voilà. Je peux comprendre que tu sois passée par difficiles étapes suite à ta rupture, mais je ne comprend pas le fait de caricaturer le couple comme j’ai pu lire dans d’autres articles.

    Je suis en couple depuis trois ans, on vis quasiment ensemble mais jamais de la vie je ne m’incrusterais dans la sienne. Je suis en couple mais pas cachée derrière les pensées et les paroles de mon mec. Je reste quelqu’un d’à part entière avec des pensées, des positions et des motivations qui me restent propres, même si je rêve d’un mariage grandiose et d’une vie de famille-extra-remplie-d’enfants. Je suis triste de voir que des personnes pensent encore (après quelques mauvaises expériences) que la vie de couple (et le couple en lui-même) reste une punition.

    1. Ce n’est pas une punition pour tout le monde certes. J’ose espérer qu’il existe encore des gens en couple et heureux de l’être!
      Mais je sais que moi, si je me mettais en couple, je le verrai probablement comme une punition. Se lever tous les matins et se demander si on ne va pas se faire larguer dans la seconde? Je trouve pas ça évident comme programme.

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