Littérature

Memoirs of a Geisha, Arthur Golden

Résumé : Peu avant la dépression, Chiyo, neuf ans, vit avec son père pêcheur, sa mère et sa sœur Satsu dans le village japonais de Yoroido. Elle appelle sa maison une maison éméchée, parce qu’elle penche légèrement sur le côté. Sa mère est malade et le médecin prédit sa mort pour bientôt. Par manque d’argent, son père décide de les vendre, elle et sa sœur, dans une okiya, ou maison pour geishas. Satsu, trop vieille pour apprendre l’art d’être une geisha, se sépare de sa sœur et finit finalement dans une maison close.

Lorsque Chiyo arrive dans l’okiya, elle est choquée de l’accueil peu chaleureux qui lui est fait. La « grand-mère » est de loin la personne la moins amicale qu’elle a jamais rencontrée, la « mère » ne pense qu’à se faire de l’argent. Mais la pire de toutes, c’est Hatsumomo, la seule geisha qui travaille encore à l’okiya. Elle est magnifique physiquement, mais le seul but de son existence semble d’empêcher Chiyo de devenir un jour une geisha.

Pourtant, malgré moult obstacles, Chiyo devient un jour Sayuri, une des geishas les plus célèbres de son époque. Mameha, une geisha renommée aussi intelligente que belle, et le Président de l’entreprise Iwamura Electrics y seront pour quelque chose…

Mon avis : Je sais que ce n’est pas là le ton général de mon blog, mais Mémoires d’une geisha est un livre sérieux, alors on va être sérieux trente secondes. *mode renfrogné on*

Ce qui m’a le plus surprise quand j’ai lu ce livre, c’est l’image contradictoire du personnage de la geisha. En fait, c’est à la fois des femmes qui ont tout le pouvoir du monde et des femmes qui n’en ont aucun. Je m’explique. Un de mes passages préférés dans le bouquin, c’est quand Mameha apprend à Chiyo à séduire les hommes en utilisant uniquement son regard. Il y a un jeune homme qui passe avec un plateau, et Chiyo, en utilisant uniquement ses yeux, lui fait tomber son plateau. Et à ce moment-là, je me suis dit : « La vache. Ces femmes-là peuvent vraiment leur faire faire n’importe quoi. » Ben oui, de nos jours la seule façon qu’on a de faire faire des conneries aux mecs c’est leur foutre nos seins nus en plein dans la gueule. Même les décolletés ne marchent plus, c’est la totale décadence.

En même temps, une geisha n’existe que dans le but de servir les hommes et de plaire aux hommes. Une geisha qui n’a pas de succès auprès des hommes est une geisha qui ne pourra pas se faire d’argent. Et ce n’est pas suffisant : si une geisha veut prospérer et se détacher de son okiya, elle doit avoir un danna, soit un homme qui la soutient financièrement et avec lequel elle devra forcément faire… des choses. Attention, une geisha n’est pas une prostituée – c’est une confusion communément répandue, moi-même je pensais qu’une geisha n’était ni plus ni moins qu’une façon élégamment japonaise pour désigner une prostituée avant de lire le livre, et j’ai été très étonnée d’apprendre que ce n’était pas le cas. En fait, on les reconnaît parce que la geisha a son obi (espèce de foulard servant à tenir le kimono ensemble) attaché derrière, tandis que la prostituée l’a attaché devant, pour pouvoir l’enlever et le remettre plus facilement pendant ses galipettes. (si si je vous assure que c’est vrai)

Mais beaucoup d’aspects du travail de geisha rappellent le « travail » de prostituée, si je puis dire, et c’est de là que vient très probablement la confusion. Le bouquin raconte notamment très en détail le principe du dépucelage des apprenties geishas, ou ce qu’ils appellent au Japon le mizuage. En fait, la virginité se vend carrément… aux enchères. Ainsi, lorsque Sayuri s’apprête à perdre sa virginité, elle doit proposer des petits gâteaux dont j’ai oublié le nom à tous les hommes à qui elle est prête à l’offrir, et après, ces hommes se disputent à qui est prêt à payer le plus cher pour ladite virginité. Et rien qu’avec son dépucelage, Sayuri gagne assez d’argent pour payer toutes ses dettes et la vie est belle et les petits oiseaux font cui-cui et les petites abeilles font bzz et les petits lamas font archkpeuh. En lisant ça, je me suis dit, quand même, ton dépucelage, tu t’y es mal prise. Tu as couché avec le premier venu alors que t’aurais carrément mieux fait de le mettre sur Ebay et te faire un peu d’argent de poche supplémentaire avec.

Sinon, hormis le fait que ce livre m’a permis d’apprendre plein de trucs sur la vie des geishas, il y a différents thèmes dans ce livre qui ont été très bien abordés je trouve. L’amour, notamment. Enfin, l’amour qu’on croit non réciproque, plus précisément. D’ailleurs, à propos d’amour, j’ai été un peu déçue par la fin. J’ai lu le bouquin en croyant que l’histoire de Sayuri était une histoire vraie, et quand j’ai lu la fin à l’eau de rose, je me suis dit : non seulement c’est pas une histoire vraie, mais en plus c’est une histoire écrite par quelqu’un qui n’a jamais lu He’s just not that into you. (ce qui est assez compréhensible, vu que Greg Behrendt a écrit son bouquin de self-help au moins 5 ans plus tard) Et effectivement, ce n’est pas une histoire vraie. Amusant comment mon cynisme m’aide à distinguer la réalité de la fiction. (et à écrire un blog, accessoirement)

L’amitié, aussi, et l’entraide, et les mauvais tours. On se croirait presque dans un épisode de Franklin. Manque plus qu’une phrase d’introduction du style « La geisha sait compter deux par deux et lacer son obi ». Mais pour rester encore sérieux 30 secondes – comme quoi, j’y arrive pas, hein, à rester sérieuse juste le temps d’un article ? – c’est impressionnant de voir l’importance de l’entraide dans un monde tel que celui des geishas. Au début, Sayuri – quand elle s’appelait encore Chiyo – tente une fugue, ce qui fout en l’air son avenir de geisha, et elle ne peut récupérer sa vie que grâce à l’aide de Mameha, une geisha complètement extérieure à l’okiya dans laquelle Sayuri vit. Et puis derrière il y a Hatsumomo qui essaie de l’en empêcher. On se croirait presque dans un Disney avec les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Ou le yin et le yang, pour rester dans la thématique asiatique. (même si oui oui je suis consciente du fait que le yin et le yang, c’est chinois, mais on va pas chipoter, je connais pas l’équivalent japonais)

La vraie addition aux simples Disney, c’est l’ajout d’autres personnages qui rendent justement l’histoire plus réaliste (ben oui les gens sont pas tout blancs ou tout noirs). Notamment la mère, qui n’est ni gentille, ni méchante, simplement intéressée, et qui se met du côté de celui qui est susceptible de lui rapporter le plus d’argent. Ou encore Nobu, un mutilé de guerre manchot, qui est gentil et attentionné avec Sayuri mais qui se montre très dur et intolérant au moindre tournant. Ou encore Pumpkin, une jeune geisha, apprentie de Hatsumomo, surnommée ainsi à cause de son visage en forme de citrouille. (oui je suis assez d’accord c’est assez méchant) Sayuri découvrira bien vite qu’elle est plus qu’une petite bouille adorable toujours prête à rendre service…

Dans l’histoire, ai-je aimé le bouquin ? (c’est vrai que je vous balance des bavardages à tort et à travers et que du coup vous savez pas vraiment si j’ai kiffé le bouquin ou pas) La réponse est oui. Oui, de temps en temps j’aime être sérieuse et lire des bouquins sérieux qui parlent de la vie sérieuse de gens sérieux dans un pays sérieux. Dans le même genre que Mille soleils splendides de Khaled Hosseini. Lui aussi il parle de vie sérieuse de gens sérieux dans un pays sérieux, et lui aussi se finit semi-bien semi-mal. (je vous dirais pas comment ça se finit exactement, parce que faut pas exagérer quand même)

Il se trouve que Mémoires d’une geisha est le genre de bouquin qui se lit d’une traite. Je l’ai lu en anglais, et franchement si vous avez un bon niveau d’anglais – pas besoin d’être à 100% bilingue – il se lit très facilement et je ne peux que vous conseiller de le lire en anglais. Tous les bouquins sont meilleurs en version originale (à part les bouquins qui sont écrits dans une langue que vous ne comprenez pas du tout, évidemment). Moi en tout cas, je n’ai pas vu le film, mais il m’a donné envie de le regarder un jour. Je suis juste allée sur IMDB pour voir les têtes des acteurs et pour voir s’ils ressemblaient aux personnages que j’avais imaginé dans ma tête. Surprise : ils sont tous asiatiques et je me suis rendue compte que quand je lisais le bouquin, je les imaginais européens. Débile me direz-vous, je savais parfaitement que ça se passait au Japon. Moi, je trouve que c’est un vrai sujet de société, le fait qu’on a inconsciemment tendance à imaginer des personnages proches de nous même si le bouquin est loin de nous culturellement et géographiquement.

Et voilà comment je suis trop intelligente.

Ma note pour le bouquin : 4/5

N’oubliez pas de voter pour moi au concours Elle et au concours Cosmo (vous pouvez voter tous les jours je vous rappelle, et je vais en avoir besoin vu l’avance qu’on prise la plupart des concurrentes). Et aussi, n’oubliez pas de voter au sondage de novembre, si ce n’est pas déjà fait.

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13 commentaires

  1. jimmypagette a dit :

    J’ai vu le film il est très joli visuellement !

  2. J’ai adoré le film!

  3. De même, le fim est magnifique. J’espère néanmoins qu’il ne te décevra pas..c’est souvent le cas quand on lit le livre avant.. Par contre tu m’as bien donné envie de le lire..Même si c’est vrai..je trouve la fin trop américanisée.

  4. Merde t’as été sérieuse le temps d’un article !!
    CES, j’ai l’impression que tout fout le camp en ce moment !! :D

    ps : sur tes conseils, je lirai le livre. En anglais… Je te promets vraiment rien !!

  5. Pour ma part j’ai lu le bouquin et vu le film ! Bah franchement j’ai beaucoup aimé les deux. Bon le bouquin à la base j’ai adoré parce que le Japon me fascine par bien des aspects, donc c’était une manière d’appréhender un aspect mal connu de cette culture et je suis d’accord ça se lit d’une seule traite parce qu’il y a malgré le fait que ce soit une histoire fictive, un côté fortement réaliste dans les descriptions et les personnages secondaires donnent une espèce de crédibilité à l’ensemble.
    Le film j’ai beaucoup aimé également, je l’ai en dvd d’ailleurs ^^
    La réalisation est vraiment belle, et l’actrice qui interprète Sayuri est juste détestable tellement il émane d’elle une beauté “pure”.
    pour faire court et simple , les deux sont pour moi des références ^^
    Bisous et bonne journée la miss !

  6. ah oui, j’ai adoré ce livre, mais tout comme toi, j’ai été un poil amère que l’histoire ne soit pas vraie! car justement…. ça avait l’air si vrai, que bon… en tout cas, y a un vrai travail de recherche derrière, pour restituer la vie que menait une geisha.

  7. Miss Take a dit :

    Il va falloir que je le lise un jour ce livre… Il me faisait de l’oeil, mais là tu m’as vraiment donnée envie. :)

  8. Il t’a inspiré le livre dis moi :D (ai voté pour elle)

  9. Mégane a dit :

    Hey,

    Si tu veux l’histoire vraie qui se finit pas comme au pays des bisounours, tu peux toujours te procurer “Ma vie de Geisha” de Mineko Iwasaki. C’est la fille qui a aidé l’auteur à écrire son bouquin donc l’histoire c’est la sienne, la vraie. =)

  10. Le film est tout simplement sublime: réalisation parfaite, incursion dans l’univers des geishas totalement bluffante. L’idée de lire le roman est assez tentante

  11. J’aime énormément ce film. Une direction artistique, un travail de chef opérateur à tomber!!!
    J’avais lu le livre bien avant la sortie du film, je rêvais de réaliser l’adaptation… et puis quelques années après, le film est sorti.
    Je n’ai pas caché d’abord ma déception, mais pas revancharde, je me suis décidée à aller le voir au ciné… puis à l’acheter en DVD… puis à partir au Japon…. puis à y retourner…. puis à retrouver l’endroit où la jeune Chiyo court sous les tori rouges des portes d’Inari avec ces socques en bois et son kimono.
    J’adore!
    J’ai même consacré une rubrique entière dans mon blog au Japon, un lieu très inspirant.

  12. Ce film est l’un de mes préférés. J’ai moins aimé le livre bizarrement (enfin je me rappelle pas trop en fait).
    BTW Mille soleils splendides j’ai beaucoup aimé aussi.
    Tu pourrais faire un article sur les livres que tu aimes bien et que tu conseilles à tes lectrices please ? Parcke j’ai l’impression qu’on a un peu les mêmes goûts en lecture et ca m’aiderait d’avoir des idées.
    Bon weekend !

    1. Ce genre de livres sérieux, je les lis assez rarement en fait. Mes livres favoris, c’est ceux de Stephen King, mais je sais pas si c’est le truc de tout le monde.

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